Dans le cadre du mois des fiertés LGBTI (LGBTI Pride), le comité de coordination LGBTI du Conseil des Global Unions a récemment réuni des intervenant-e-s des Nations Unies, des syndicats et des organisations de la société civile pour un événement en ligne intitulé « Tenir le cap en dépit des secousses : droits LGBTI et liberté d’association ». Dans le contexte de la réaction anti-LGBTI actuelle, le webinaire s'est penché sur la complexité de la défense des droits des LGBTI face aux restrictions mondiales croissantes de la liberté d'association et a mis en lumière un effort mondial croissant pour défendre et faire progresser les droits de la communauté LGBTI dans un contexte de montée de l'autoritarisme.
Le professeur Graeme Reid, expert indépendant des Nations Unies sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre, a présenté un nouveau rapport, récemment soumis au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, qui montre les tendances alarmantes des lois appliquées par les États à travers le monde qui non seulement suppriment les expressions LGBTI, mais incitent également à la violence et à la discrimination : « Dans toutes les régions, les États ont intensifié leurs efforts pour appliquer des lois restrictives, ce qui a créé un climat de peur et d'autocensure chez les personnes LGBTI. » Le professeur Reid a souligné le double préjudice que ces lois causent en violant les droits humains et en favorisant un environnement hostile qui précède souvent la violence.
Clément Nyaletsossi Voule, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d'association, a souligné que ces libertés constituaient le fondement de la démocratie, mettant en évidence les effets néfastes de la marginalisation et la tendance alarmante à utiliser les questions LGBTI comme prétextes pour restreindre les droits des groupes minoritaires : « Il est impossible de construire des sociétés pacifiques si tous leurs membres, y compris les minorités, ne sont pas autorisés à bénéficier de ces droits », a conclu M. Voule.
Les témoignages percutants de syndicalistes LGBTI et de dirigeant-e-s de la société civile ont apporté des éclairages régionaux et partagé des expériences personnelles qui ont souligné l'urgence de la question au niveau mondial :
- Marvellous Tawomhera, présidente nationale des jeunes travailleurs-euses pour l'affiliée de l'UITA, le Zimbabwe Catering and Hotel Workers Union (CHWU), a souligné le contraste entre les progrès juridiques et la résistance de la société en Afrique : « Alors que certains pays comme l'Afrique du Sud ont adopté l'égalité, d'autres continuent d'imposer des sanctions sévères à la communauté LGBTI. »
- Laya B. Ferrer, responsable de l'éducation et de l'information à l'Associated Labor Unions (ALU-TUCP) aux Philippines, une affiliée d'IndustriALL, a abordé la question de la discrimination sur le lieu de travail, notant que « les travailleurs et travailleuses LGBTI sont souvent confronté-e-s à un harcèlement verbal et physique qui affecte leur santé mentale et leur performance au travail. »
- Keturah Johnson, vice-présidente internationale de l'Association of Flight Attendants-CWA (AFA-CWA) aux États-Unis, affiliée à la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF), a fait part des défis spécifiques au secteur et des efforts du syndicat pour lutter contre la discrimination : « Notre syndicat lutte depuis longtemps contre la discrimination fondée sur l'identité et l'expression de genre, et nous continuons à faire pression pour que tous nos membres soient respectés et bénéficient d'un environnement de travail sûr. »
- Le Brésilien Rafael Mesquita, président du syndicat des journalistes du Ceará (Sindjorce) et directeur de la Fédération nationale des journalistes (FENAJ), affiliée à la Fédération internationale des journalistes (FIJ), a évoqué le rôle du journalisme et des médias dans la promotion des droits des LGBTI : « Au Brésil, malgré la stagnation législative, nous avons progressé dans l'intégration des protections LGBTI dans les conventions collectives. »
- Guillermo Ricalde, représentant d'ILGA World, a évoqué le rôle important que jouent les syndicats dans la défense des droits des LGBTI, en soulignant leurs contributions historiques et actuelles à l'amélioration de la visibilité et de la protection des travailleurs-euses LGBTI : « Notre collaboration avec les syndicats a permis de faire progresser les droits des LGBTI, malgré les obstacles considérables que constituent les restrictions légales et les pratiques des employeurs qui entravent les activités syndicales. »
La secrétaire générale de l'UITA, Sue Longley, a animé l'événement et a souligné le défi et la responsabilité collectifs de lutter contre la discrimination, non seulement au sein du mouvement syndical, mais aussi dans toutes les sociétés. « Les discussions d'aujourd'hui renforcent notre engagement à défendre la liberté d'association pour toutes les communautés. »