Le Conseil des Global Unions a publié une déclaration sur la nécessité de mettre en place des garanties en matière de travail pour tous les investissements liés à la reconstruction de l'Ukraine, dont le coût est estimé par la Banque mondiale à 500 milliards d’USD. Ces chiffres sont stupéfiants : les fonds demandés représentent 2,4 fois le PIB de l'Ukraine avant la guerre et trois fois le total des fonds alloués dans le cadre du plan Marshall de 1948 pour reconstruire toute l'Europe occidentale après la Seconde Guerre mondiale (179 milliards d'USD en monnaie d'aujourd'hui).
Il ne s'agit là que des coûts de la reconstruction physique, alors que la reprise économique nécessitera également des mesures énergiques pour reconstituer la main-d'œuvre, les politiques industrielles, les services publics, le marché du travail et les migrations, ainsi que les politiques de développement régional.
Il est impératif qu'une stratégie de reconstruction globale et à long terme comprenne une conditionnalité inhérente aux droits des travailleurs et travailleuses. Cette condition doit englober la protection des normes fondamentales du travail de l'OIT, ainsi que les conventions prioritaires qui permettent et protègent les droits des travailleurs-euses. En investissant dans l'avenir de l'Ukraine, nous devons donner la priorité au bien-être de ses citoyen-ne-s et veiller à ce que leurs droits fondamentaux soient protégés et respectés tout au long du processus de reconstruction. Les risques ont déjà été accrus lorsque l'Ukraine a adopté une série de lois d'urgence régressives qui ont sapé les droits des travailleurs-euses et limité la capacité des syndicats à protéger les intérêts des travailleurs-euses.
Par conséquent, le groupement Global Unions demande à tous les investisseurs et donateurs de s'engager conjointement à incorporer, dans tout accord de prêt, de don ou de projet concernant la reconstruction de l'Ukraine, les clauses de travail suivantes dans le cadre des conditions imposées au gouvernement ukrainien, aux institutions multilatérales et à toutes les sociétés nationales et multinationales impliquées dans les activités de reconstruction :
- Assurer le respect obligatoire de la Déclaration de l'OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail : la convention (n° 29) sur le travail forcé, 1930, la convention (n° 105) sur l'abolition du travail forcé, 1957, la convention (n° 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948, la convention (n° 98) sur le droit d'organisation et de négociation collective, 1949, la convention (n° 155) sur la sécurité et la santé des travailleurs, 1981, et la convention (n° 187) sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail, 2006.
- Exiger que tous les plans de projets d'infrastructure, de construction et de transformation industrielle, y compris l'énergie, comprennent des stratégies de mise en œuvre qui intègrent des mécanismes de réclamation syndicale accessibles, qui garantissent une réparation rapide et efficace, ainsi que des rapports sur le respect du travail décent, y compris des conditions de travail décentes, des salaires équitables, la santé et la sécurité.
- Créer un mécanisme d'inspection conjointe du travail en collaboration avec les agences nationales compétentes, les organisations syndicales nationales, européennes et internationales et les partenaires sociaux afin de garantir la mise en œuvre des normes fondamentales du travail de l'OIT à tous les niveaux et à toutes les étapes, y compris la chaîne d'approvisionnement, de la construction, des infrastructures et des activités industrielles.
- Garantir que tous les processus de financement et de passation de marchés pour les projets de construction, d'infrastructure et d'industrie sont publics, transparents et responsables et qu'ils prévoient un budget pour les inspections, la formation professionnelle et les mesures de santé et de sécurité au travail, ainsi que des consultations avec les parties prenantes concernées.
- Garantir que les futures politiques et législations nationales protègent les droits des travailleurs-euses et promeuvent la négociation collective conformément aux conventions de l'OIT et à la législation de l'UE afin de faciliter les aspirations du pays à devenir membre de l'UE.
Cliquez ICI (lien en anglais) pour lire la déclaration complète du Conseil des Global Unions.
Andrii Denisov, président du Conseil de coordination de l'UITA en Ukraine, a déclaré : « La mise en œuvre du programme de relance est impossible sans les travailleurs et travailleuses, qui porteront le poids de la reconstruction de l'économie ukrainienne. Leurs droits du travail et syndicaux doivent être respectés et conformes aux normes internationales du travail. De plus, après la guerre, toutes les réglementations qui ont restreint les droits des travailleurs et travailleuses pendant la loi martiale devraient être immédiatement abrogées. Le Conseil de coordination de l'UITA en Ukraine soutient la déclaration du Conseil des Global Unions sur la nécessité d'un engagement commun sur les garanties du travail pour tous les investissements visant à reconstruire l'Ukraine. C'est la bonne chose à faire. »